mardi 9 juillet 2013

// EINSTÜRZENDE NEUBAUTEN - Kollaps


Sorti le 5 octobre 1981 sur Zickzack

Les grands débuts des Messieurs bricolage. C'est LA musique industrielle dans son essence même avec des sonorités qui puisent leurs forces dans le BTP et appuient tout un questionnement philosophique sur la relation entre l'homme et la matière, sur l'urbanisme et l'architecture, sur le malaise et/ou la fierté d'être acariâtre envers la société moderne. Le son y est brute, primitif, agressif, déconstruisant toute convention, ritualisant un nihilisme à fleur de peau et rejetant la moindre mélodie qui pourrait adoucir nos pauvres petites oreilles. Choisis donc ce camp lecteur - celui des voix écorchées, des marteaux-piqueurs, des barres à mines et des plaques de fers - et réarme ton fusil.

"La musique, c'est du bruit qui pense" disait Victor Hugo. Si seulement il avait pu écouté ça...

lundi 8 juillet 2013

// CHROMATICS - Kill For Love

  
Sorti le 26 mars 2012 sur Italians Do It Better

Ô mélancolie, quand tu nous tient... Ceci est un (long) voyage au sein de la beauté sépulcrale proposé par Chromatics. Ça faisait quand même 5 ans d'attente depuis Night Drive ! Il s'agissait pour les fanatiques de prendre son mal en patience, mais ces 17 joyaux de pop romantique nous sont enfin parvenus avec Kill For Love et la surprise est de taille: troublant de par sa beauté aérienne, dansant par ses beats robotiques, hanté par une voix sensuelle aux textes fragiles où parfois s'ajoute un vocoder androgyne, ne soyons pas avare en compliments car le quartet de Portland a su faire évoluer sa formule gagnante. Chez eux, La new-wave est revisité dans une kyrielle bouleversante et prépondérante de nappes synthétiques où il va falloir prendre son temps (90min de musique dont No Escape et ses 14min d'ambiances froides). Ça sniffe autant du The Cure que du Glass Candy (eh oui, y'a Johnny Jewel dans Chromatics), du Brian Eno que du Joy Division, et osons même le comparatif à Massive Attack à l'écoute du superbe A Matter Of Time. Une belle affaire de délicatesse.


vendredi 5 juillet 2013

// PRIMUS - Green Naugahyde

  
Sorti le 12 septembre 2011 sur ATO Records

On peut facilement se sentir nostalgique des Frizzle Fry et Sailing The Seas Of Cheese, mais le Primus du XXIème siècle n'apporte rien de puant. Bien au contraire. C'est toujours autant hors du commun, ne satisfaisant aucune mode, aucune attente (y compris la mienne) et ce Green Naugahyde mérite autant d'éloges que les précédents efforts; à la fois négligé et burlesque, lugubre et couillon, dérangeant et poilant. Ça reste la fête du slap et du groove sautillant bariolés de textes cartoonesques où les changements ne relèvent que d'un habile renouvellement de style: rythmique reggae (Last Salmon Man ; Lee Van Cleef ; Moron TV), émanation psychédélique (Hennepin Crawler ; Jilly' On Smack) et chant nasillard d'un Claypool qui se veut plus mystérieux, réservé. Primus garde ce funk-rock indéfinissable et trouvera toujours tribune à sa connerie.


jeudi 4 juillet 2013

// CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL - Bayou Country


 Sorti en janvier 1969 sur Fantasy

Bayou Country. Tout est dit, vous savez ce que ça contient. Un swamp-rock localisé autour de La Nouvelle-Orl'...eh merde, je me suis fais avoir comme d'autres; les Creedence sont Californiens. Ceci étant y'a vraiment de quoi se mettre le doigt dans l’œil jusqu'au coude puisqu'on a là un savant mélange de rhythm'n'blues cajun, de z'haricots (ou zydeco si vous préférez), de country, et d'esprit sudiste pouvant convenir au meilleur intellectuel de l'Université d'Alabama comme au hillbilly le plus con des Appalaches. Il n'empêche que la recette fait mouche, et pour cause, les mélodies sont quand même sacrément bien dégotées ("Proud Mary" ; "Born On The Bayou",  la reprise de Little Richard "Good Golly Miss Molly"...), la voix de John Forgety y est merveilleusement éraillé, et les riffs ressortent avec panache des méandres du Mississippi. C'est magique, culte et monumental, à l'instar des Rolling Stones et des Beatles... Ils auront vraiment tout pompé aux nègres, les salauds.


mercredi 3 juillet 2013

// LOVELOCK - Burning Feeling

  
Sorti en avril 2012 sur Internasjonal

Kavinsky va te faire enculer, car c'est pas ta musique pour séminaire de coiffeurs à Monaco qu'on va évoquer ici. Parlons plutôt de Steve Moore, non-pas le joueur de hockey canadien, mais ce trublion jouant dans le duo space-rock Zombi, collaborant avec Red Sparowes ou Sunn O))), remixant pour Genghis Tron, et fricotant avec l'écurie Relapse. Un collectionneur de synthés analogiques résolument perché dans ses délires électroniques et synth-waves, puisque le voilà avec son projet Lovelock déversant son trip cosmic-disco FM sous psychotropes d'années 80. Et hop ! Encore un disque relativement inconnu alors qu'il est capable de collé des uppercuts à certains quand on entend ces chefs-d’œuvre adaptés pour rouler la nuit sur le périph: New Age Christ (Daft Punk out !), Don't Turn Away ; Maybe Tonight (Kavinsky -sac à merde- Out !), South Beach Sunrise (Tellier out !). Alors pourquoi un truc pareil n'intéresse pas les radios ? Car c'est authentique, percutant (putain, le doublé final Love Reaction / Deco Delight), et Mr. Moore ne suce pas, lui.


mardi 2 juillet 2013

DAVID BOWIE - "Heroes"


Sorti le 14 octobre 1977 sur RCA

Dans la continuité de Low, ce deuxième volet de la trilogie berlinoise y concentre autant son lot de tubes (The Beauty And The Beast ; Joe The Lion ; le monumental Heroes), d'expérimentations glauques (Sense Of Doubt ; Neuköln) et de minimalisme éthéré (Moss Garden) que son prédécesseur. Brian Eno tient toujours les manettes aux services du "Thin White Duck" pour l'aider à modéliser sa new-wave avant-gardiste jonché de progressions krautrock et de pop fantasmagorique, tout en renouant avec le feeling synthétique qui peuplait les sinistres paysages sonores de Low. Et le Maitre s'avère une fois de plus en passe de donner la leçon.


lundi 1 juillet 2013

// DAVID LYNCH - Crazy Clown Time

  
Sorti le 7 novembre 2011 sur Play It Again Sam


A plus de 60 piges, celui que l'on connait en tant que cinéaste de films obscurs et hallucinatoires (Mulholland Drive ; Lost Highway ; Elephant Man...) se terre dès 2011 en studio afin d'y préparer un disque singulier de trip-hop claustrophobe et de blues décharné. Rythmes électronique, ambiance ténébreuse, les voix enregistrées y semblent aussi égarées qu'épouvantées, contenant de quoi raviver la poisse intrigante des scènes les plus mystiques qui nous ont marqué dans son cinéma. L'homme invite aussi Karen O des Yeah Yeah Yeahs a apporté sa folie géniale sur l'ouvrant Pinky's Dream, histoire de signé ce disque lancinant du tube sulfureux qui s'en mérite.