dimanche 24 octobre 2010

// SLAYER - Reign In Blood


 Sortie le 7 Octobre 1986 sur Def Jam Record (label de Rick Rubin)

Prenez des paroles choquantes, blasphématoires au possible (au hasard: "Genocide", "Blood","Death","Suicide", "Rape", "God"...blabla ), foutez 4 gros durs tatoués; et vous faites chier dans le froc toute l'Amérique puritaine: SLAYER. Le groupe qui a traumatisé votre mère.
Si souvenez vous, vous sortiez ce skeud devant vos copains ébahit pour montrer que vous, vous aviez des couilles. Un vrai G.I.
Faut savoir quand même qu'à l'époque (en 86), le groupe était d'une violence inouïe, rarement vue auparavant (bon okay, y'avait NAPALM DEATH) et que le skeud Reign In Blood (1) avait produit le même effet qu'une bombe à retardement dans le cul d'un petit chinois.
Y'avait bien Metallica, mais bon faut avouer qu'au bout d'un moment il en fallait un peu plus pour les jeunes en mal de moshpit. , "Angel Of Death", "Rainning Blood", "Criminally Insane" que des chefs d'œuvres tout en brutalité qui résonnait (et qui résonne encore) dans les festivals métal.
Joyeusement cliché, faut bien dire que SLAYER reste quand même sacrément dévastateur. Riffs salvateurs à fond les manettes ("Piece By Piece"), gamme du diable sur quasiment toute les chansons (et oui l'inquisition va me tomber dessus) : les guitaristes s'affutent tandis que le batteur déclenche des décharges sismiques. Un concentré jouissif qui se confirme encore maintenant durant les concerts !
En tout cas, palme d'or  aux solos de Mister Kerry King, sûrement les plus hideux de l'histoire du métal et qui le prouve sur cet album (bon ok, c'est pour ça qu'on les aime)...Non vraiment, Slayer se suffit à lui même et faute de s'être renouveler par la suite et d'être répétitif (OUI Slayer c'est comme Megadèche: toujours la même chose depuis des années), le groupe a su inspiré via cet album toute une vague de metal déviant (Death Metal and co).
Je passerais la polémique sur Slayer et son imagerie: on nous a assez bourré le mou avec ces conneries. Reign In Blood reste un indispensable du groupe et plus largement du genre Métal.
A écouter sans concession, avec une veste en jean et des badges... Le casque à pointe en option.


Monsieur J

(1) Slayer et les noms d'album... Une longue histoire d'amour qui perdure encore. La palme revenant à "God Hate Us All" sorti le... 11 septembre 2001 ! Non vraiment ça ne s'invente pas.

// SKINNY PUPPY - Last Rights


Sorti le 30 juin 1992 sur Nettwerk

Plus lourd, plus écrasant, Last Rights n’en reste pas moins magnifique. C’est la symphonie cruelle d’un labyrinthe moyenâgeux en pleine désintégration industrielle. Le groupe explose tout ce qu’il a su produire depuis ses débuts car il faut en effet dépiauter dans ce magma toxique les débris new-wave époque Remission, de l’art gothique mêlé à la cybernétique façon Cleanse, Fold And Manipulate, ou des attaques dark-électro virales du Rabies,… brouillés aux samples viciés, aux expérimentations hallucinatoires, et à quelques mélodies cathartiques aussi dissimulées que des aliments dans une déjection buccale.

Love In Vein, Killing Game (aussi poignant qu’un Worlock) et Inquisition (avec ses gimmicks dance-floor) restent les morceaux les plus accessibles, et habituellement joués en concert. Mais la majorité du disque est acquise à la cause d’une exploration schizophrénique en apnée où les Canadiens se lâchent dans des délires tout azimuts. Véritable bande-son oppressante d’un écosystème  ravagé par des retombées radioactives. La fin d’une civilisation meurtrie par ces lambeaux d’indus en décrépitude (Voire pochette).
Skinny Puppy recrache avec Last Rights la bouillie nocive d’une dizaine d’années au service de la musique électro-industrielle. L’œuvre favorite de cEvin Key dans leur discographie.



samedi 23 octobre 2010

// METALLICA - Kill'Em All


Sorti le 16 juillet 1983 sur Megaforce / Elektra

Le film Some Kind Of Monster sorti en 2004 montre les tensions internes au sein de ce groupe légendaire…Bon OK ça fait rire, car ils auraient pu honnêtement nous faire déjà le coup en 1983 pour la sortie de Kill’Em All tellement les conflits de personnalités étaient équivalentes : Ron McGovney (premier bassiste) ne s’entendait plus avec Dave Mustaine et quitta le groupe ; Mustaine ne s’entendait pas non plus avec James Hetfield ; et ce dernier frappa le chien de Mustaine ; donc Hetfield et Mustaine se sont foutus sur la gueule ; Mustaine fût viré début 1983 pour « des problèmes d’alcool » ; mais Mustaine niera ensuite cette raison…Enfin bon, pas envie de s’attarder sur une bande de beauf’s Made In California pétés de tunes aux problèmes d’egos exagérés, mais plutôt envie de valoriser le talent musical de cette formation historique avec leur premier album officiel : Kill’Em All.

Monstre de violence et de rapidité. Voilà un disque incontournable qui favorisera l’essor du trash-métal durant les années 80, véritable pique d’acier boosté par une cadence ultra-rapide à la manière du punk. Energie, technique, émotion, hargne, pour une qualité et une efficacité hors-pair,… et même si la voix d’Hetfield nous rappelle que, comme tout le monde, il a été jeunot, Kill’ Em All résiste bien au temps, chargé d’une influence considérable (pas besoin de citer d’artistes, on sonde 99,9% des groupes de metal qui l’adulent). Quand on écoute les morceaux, c’est évident de penser que ces mecs savaient où ils allaient, l’échec leur était inconcevable tellement la formule était espérée. Le plus conventionnel du rock (les duos couplet-refrain et les solos techniques de guitare en ponts) mis en puissance par des riffs mémorables et une énergie salvatrice. Hetfield y appui son lyrisme sur l’esprit heavy-metal du groupe mais aussi des fans (Hit The Lights ; Whiplash…), ainsi que des histoires bibliques (The Four Horsemen ; Jump In The Fire…).

Et quand on sait les albums qui suivirent, le groupe mérite amplement sa place d’icône planétaire. Plusieurs voulaient prétendre au poste, Metallica les auront tous tuer.

jeudi 21 octobre 2010

mardi 19 octobre 2010

// CHOKEBORE - A Taste For Bitters


Sorti en 1996 chez Amphetamine Reptiles Records

 Je ne ressasserais pas cette petite "légende". Celle qui veut que Chokebore soit le groupe préféré du très célèbre dépressif d'Aberdeen, Kurt Cobain.
Cette rumeur qui fit -partiellement- porter le talent de ce petit groupe d'Hawaï  à la face du monde par le biais de premières parties du grand  groupe Nirvana  ou encore des délirants Buttholes Surfers.
Mais bien loin d'un Pixies en terme de popularité, Chokebore a toujours du travailler dans l'ombre, tel un groupe connu par un cercles d'initiés (et uniquement par ces initiés).
On parle en effet de cette fameuse scène "Indé", passionnante,  qui nous délivre chaque années de très bon albums; hélas très souvent injustement passés sous silence par la critique (gavé par le mainstream et autres drogues). A Taste For Bitters fait partie de ces albums là.
Troisième dans la liste de Chokebore "A Taste For Bitters" (1996) délivre un rock mélancolique, habité et légèrement noisy. Ainsi, on passe de ballades épurées (Days Of Nothing) à des morceaux plus nerveux (Narrow); là où s'affronte Sonic Youth contre des vagues de dépressifs.
Un peu classique sur le papier, à ceci près que le groupe se distingue par la vraie personnalité qu'il dégage, et ce indirectement en partie via son chanteur, Troy Von Balthazar.
D'une voix pop légèrement aiguë et puissante, il expie ses "lamentations"  au fil des chansons donnant l'impression qu'il est à côté de la plaque... De ce fait, son timbre peut paraitre spécial au premier abord pour le premier néophyte venu.
Certains me souffleront qu'on a vu pire; d'autres me diront qu'ils faut plusieurs écoutes pour se mettre dans l'album; malgré tout il est vrai que cela fait indiscutablement le charme du groupe (Le chanteur se lancera d'ailleurs par la suite au début des années 2000 dans une carrière solo très réussie).
Et donc, quand le groupe ne prend pas parfois quelques risques bien appréciables (ajout de samples, fin incongrue et autres), l'alternance de couplets déprimés et refrains ravageurs agit avec réussite et donne lieu à une musique légèrement plombée, loin des clichés du pays des surfeurs.
En bref Chokebore est un bon groupe de rock réellement intéressant, à découvrir assurément pour tout curieux qui n'aime pas les groupes aseptisés et donc indirectement la musique insipide.
En vous conseillant en outre d'écouter le chef d'oeuvre de l'album qu'est la chanson "Narrow"...

Note: Et cela tombe bien car le groupe c'est récemment reformé (après une longue séparation) avec à la clef un nouvel album en préparation et des tournées européennes.

Monsieur J

// UFOMAMMUT - Idolum (+Malleus Rock Art Lab)


 Sorti le 21 avril 2008 sur SupernaturalCat

Nos potes de Membrane sont montés samedi à Bruxelles faire une date avec eux. Ca devait envoyer du lourd dans la baraque à frites… UFOMammut est le genre de formation metal qui évite toute concession dans le décibel. Un trio italien connu pour être également une bande de malfaiteurs au sein du laboratoire artistique de Malleus (voire plus bas). Leur premier album Idolum, sorti en 2008, représente au mieux le nom du groupe : Mammut pour le côté lourd, lent, dangereux et imposant – et UFO pour les nappes d’effets psychédéliques qui nous font planés dans la stratosphère.

Stoner-sludge et space-rock s’affrontent en effet dans un puissant magma sonore, un rouleau compresseur qui prend le temps d’écraser tout l’espace, car lorsque l’on croit qu’un passage a les distos au taquet, les mecs rajoutent encore une couche de riff bien gras. Les guitares et la basse se font bourdonnantes, tellement graves qu’on se dit que les gars doivent être accordé 14 tons en-dessous, on en atteindrait presque le bruit marron… Un chant masculin écorché et un peu en retrait adhère efficacement au style (Stigma ; Destroyer…) tandis qu’un chant féminin se montre plus psalmodique sur l’hypnotique Ammonia et le très Kylesa Hellectric. On aurait voulu dans cette lourdeur une batterie plus percutante et massive, et cela rejoint souvent des opinions en retour de concerts : le batteur possède une frappe de grand-mère, un peu paradoxal dans cette marche apocalyptique…


MALLEUS ART LAB :

Seconde activité au service du rock, ce collectif (qui comprend donc les membres d’UFOMammut) confectionne des affiches de concerts, pochettes de disques, couvertures de fanzines et autres logos, images, illustrations à des fins musicales. Pratiquant une iconographie à base d’expressionisme, de symbolisme et d’art nouveau, le groupe en sort une imagerie digne de bandes dessinées aux allures psychédéliques.

Nine Inch Nails, Eye Hate God, Sonic Youth, Big Business, The Melvins, Queens Of The Stone Age, Tool… La liste est longue de tous les groupes qui se sont vus bénéficiés d’une affiche Malleus lors de leurs dates en Italie.





lundi 18 octobre 2010

// EINSTÜRZENDE NEUBAUTEN - Halber Mensch


 Sorti en 1985 sur Some Bizzare

L’usine désaffectée et le cabaret horrifique en plein choc frontal. L’usine pour les « instruments » (perceuses, marteau-piqueurs, plaques de fer,…) et le cabaret pour le lyrisme saignant d’un Bargeld traumatisé par le mouvement Dada et ses vices nocturnes.

Halber Mensch reste l’une des meilleures dissections sonores du groupe. Il vous flanque la tête entre le marteau et l’enclume et cogne sa musique noire, maltraitée, torturée, avec une débauche d’énergie bruitiste en déconfiture. Le martèlement des rythmes entêtants, des effets glauques, et de la voix agressive, est poussé à son paroxysme mais évite toujours l’explosion qui serait évidente, d’où la tension omniprésente du début à la fin. Chorale rituelle morbide en canon (Halber Mensch), tempos funèbres (Trinklied ; Seele Brennt) ou déluges sidérurgiques (Der Tod Ist Ein Dandy ; Das Schaben), Einstürzende Neubauten nous fait revisiter son Cabaret Voltaire métallurgique grinçant, totalement dérangeant mais carrément jouissif.



Sorti en 1986, le film Halber Mensch, réalisé avec le dégénéré Sogo Ishii, montre le groupe au Japon exécutant leurs morceaux dans un bâtiment industriel. (Ci-dessus, ZNS avec des danseurs Butô.)

dimanche 17 octobre 2010

// NINE INCH NAILS - Ghosts I-IV


 Sorti en 2008 sur aucun label

Moins violente, la période 2005-2008 (With TeethYear ZeroThe Slip) abandonne pratiquement les agressions métal-indus antécédentes, pour un visage plus conventionnel et ouvert au grand public (pertes de rage, tubes électro-pop, absence de drogues…). Certains « die-hard fans » commencent alors à taxer Reznor de vendu et voient sa musique jetée en pâture au business mainstream. Une déception qui sera atténuée dès la sortie, via internet (http://ghosts.nin.com/main/order_options) de Ghosts I-IV en 2008, album surprenant de 36 morceaux instrumentaux, divisés en 4 EP de 9 titres où Reznor n’a pas abandonné ses désirs d’expérimentations. 
Ce n’est pas non plus un retour aux sources (quasi impossible pour un groupe de 20 piges, soyons lucides) mais le travail est ici audacieux.

Composé et enregistré avec les fidèles Atticus Ross et Alan Moulder, ainsi que quelques autres briscars de passage (Alessandro Cortini, Brian Viglione, Adrian Belew…), Ghosts I-IV offre un voyage assez atypique dans un monde à l’atmosphère froide et intrigante: Ballades de piano lentes et mélancoliques (1 Ghosts ; 13 Ghosts ; 36 Ghosts…), bruitisme trituré (4 Ghosts ; 23 Ghosts ; 31 Ghosts…), électro urbain (7 Ghosts ; 11 Ghosts ; 24 Ghosts…), avec une variété de percussions (marimba, glockenspiel,… sur 6 Ghosts ; 17 Ghosts ; 21 Ghosts…) comme de cordes (harmonium, contrebasse, cithares…sur 28 Ghosts ; 34 Ghosts…)…Chaque titre invente son propre paysage dans ce climat fantomatique et mystérieux.

Cet opus peut être difficile dès la première écoute et il faut rentrer petit à petit dedans afin d’en comprendre les règles. Ghosts I-IV n’est pas un album « normal » dans la discographie de Nine Inch Nails mais cette unicité est gage de qualité.



Afin de garantir l’interaction entre les fans et le groupe, Reznor s’est associé avec YouTube pour mettre en place le "NIN Ghosts YouTube Film Festival". Le but étant de proposer aux fans de créer eux-mêmes les vidéos des morceaux de Ghosts I-IV, en voici 2 exemples.



vendredi 15 octobre 2010

// U.S. CHRISTMAS - Eat The Low Dogs


Sorti en 2008 sur Neurot

« Il existe une Amérique entre New York et San Francisco ». Ce genre de phrases, on l’a entendu dans tous les débats en 2008 lors des élections présidentielles outre-Atlantique, pour indiquer l’importance des électeurs du Midwest, du Deep South, des grands lacs ou des Rocheuses…Mais le constat est identique musicalement et c'est intéressant de sortir de New York, Boston, Los Angeles ou San Francisco pour mieux connaître la scène intérieure.

Une fructueuse année 2008 s’est révélée à nos oreilles avec tous ces groupes de rock’n’roll transpirant le Bourbon et l’hydrocarbure de leur pick-up Chevrolet, parlant un argot aussi rude qu’un hiver dans le Minnesota. On a eu les Black Angels du Texas, Across Tundras du Tennessee, Rwake de l’Arkansas, Alabama Thunderpussy de Virginie (ça suit ?) et surtout les U.S. Christmas de Caroline du Nord.

Ces derniers ont en effet signé avec Eat The Low Dogs un excellent manifeste rock/blues ténébreux, bourré d’effluves mystiques. L’ambiance n’est pas des plus joyeuses mais ce disque relève une sublime ambiance noire et contemplative, caractéristique devenue emblématique de l'écurie Neurot. Post-rock et shoegaze spatial (influence Hawkwind évidente) s’affrontent et laissent ressortir une bonne voix écorchée, d’aspect maladive. The Scalphunters est le single imparable, puissant et plus rapide que le reste de l’album. Idéal pour un premier contact.
Sur la longueur, les mecs manquent néanmoins de nuances et forcent un peu trop sur les effets psyché style flanger, ce qui nous fait oublier que l’on change de piste par moment. Regrettable car le space-rock du groupe demeure cependant très audacieux.
 

jeudi 14 octobre 2010

// HERMANO - Dare I Say


Sorti en 2004 sur Meteor City

Album réussi, pochette réussie. John Garcia poursuit tranquillement sa carrière musicale, avec une régularité sérieuse et une frappe stonerienne égale à lui-même.

Aussi puissant que Only A Suggestion, le disque se révèle également plus varié et animé d’un souffle créatif qu’on n’attendait pas forcément, tenant une énergie nerveuse et offensive.
Dare I Say est un acte de vandalisme contre les beauferies ricaine du moment (Cowboy Suck ; My Boy ; Angry American), rempli de rage et d’amertume (Quite Fucked ; Let’s Get It On), qui présente des pointes de psychédélisme tendues (Brother Bjork) ou pondérées (On The Desert). La charge électrique est stoppée sur le country Murder One, qui nous laisse fabriquer notre suif avant la prochaine transhumance ; du grand art typique de l’Ouest sans stéréotypes grotesques…Et c’est au final la qualité majeure de cet album.

Go! Mother Fucker, Mother Fucker, Go !



mercredi 13 octobre 2010

// THE DESERT SESSIONS - Volume 7: Gypsy Marches & Volume 8: Can You See Under My Thumb ? There You Are


 Sorti le 16 octobre 2001 sur Southern Lord / Rekords Rekords

Suite des débauches musicales délirantes, il doit vraiment se passer des trucs bizarres dans ce Rancho de la Luna…

Don’t Drink Poison est une des meilleures expériences des Desert Sessions : une révision sous acides d’une danse traditionnelle hellénique, ou plutôt le mariage de la fille Corleone avec une perception troublée de la réalité. On trouve ensuite Hanging Tree..Quoi ? Eh c’est une chanson des Queens Of The Stone Age ? Pas faux, mais comme plein d’autres chansons (Millionaire ; In My Head ; I Wanna Make It Chu…), c’est d’abord une affaire de Desert Sessions. Pour Winners et Interpretive Reading, vaut mieux ne pas savoir les raisons…Incompréhensible ! Cold Sore Superstars fout le jazz en agitation psychomotrice avec du pur génie, tandis que Covousier tourne un Barry White en pleine dérision. Et on a toutes ces pépites rock’n’roll suintantes dignes d’un bon baroudeur dégénéré (Polly Wants A Crack Rock ; Nenada ; The Idiot’s Guide).

Les sessions 7 et 8 : un puits de découvertes comme d’habitude. De quoi prouver qu’une bonne bande de potes vous produit la meilleure des zik. Cette notion de base, certains groupes ne l’ont jamais compris.

lundi 11 octobre 2010

// NICK CAVE & THE BAD SEEDS - Abattoir Blues / The Lyre Of Orpheus


Sorti le 20 septembre 2004 sur Mute

Double album de Nick Cave et de ses mauvaises graines. 9 morceaux sur le premier disque : Abattoir Blues et 8 sur le second : The Lyre Of Orpheus. C’est aussi malheureusement le premier opus des Bad Seeds sans Blixa Bargeld. Y’a des duos d’artistes dont la séparation est regrettable tellement la balance créative s’en retrouve ensuite déséquilibrée (prenez Josh Homme-Nick Oliveri en 2004 par exemple), et puis vas-y pour remplacer le berlinois…

Mais ce double-album n’est cependant pas (à mon avis) une catastrophe, loin de là. Il est assez bon même s’il se révèle très propre et commercial. Vous y trouverez aucune violence digne du temps de The Firstborn Is Dead.
Reste donc à l’auditeur de faire son choix, pour le meilleur (nouvelle facette musicale, chœurs féminins façon gospel, belle énergie positive (Get Ready For Love ; There She Goes My Beautiful World…) et douces ballades au lyrisme fouillée sur The Lyre Of Orpheus) ou pour le pire (chansons de cabarets qui frôlent parfois le cliché, manque de prises de risques, nostalgie du penchant ténébreux (apporté par Bargeld ?) et un son trop travaillé et nettoyé).

vendredi 8 octobre 2010

// NINE INCH NAILS - Year Zero


Sorti le 16 avril 2007 sur Interscope

Durant la tournée qui suivi With Teeth, Trent Reznor s’est amusé à laisser des clés USB dans les chiottes de plusieurs salles de concerts. A l’intérieur de celles-ci se trouvaient des chansons alors inconnues de NIN, ainsi que des indices flous attisant la curiosité des fans (image d’un panneau Hollywood démoli, spectrogrammes étranges, grésillements…).
 Le thème sera délivré quelques mois plus tard avec la mise en circulation sur le net de Year Zero, album concept que Reznor décrit comme « la partie d’une chose bien plus grosse sur laquelle je travaille »… Des rumeurs défilaient alors sur un éventuel album de remix Year Zero, un jeu vidéo Year Zero, un film Year Zero, la B.O. du film Year Zero, une voiture Year Zero, des capotes Year Zero, du cassoulet Year Zero,…Bref, votre vie refaite en Year Zero mais 3 ans plus tard, on a eu que l’album de remix : Year Zero Remixed (connu aussi sous le nom de Y34RZ3R0R3M1X3D pour les plus téméraires).

Spectrogramme issue d'une clef 
                   USB trouvée à Lisbonne.                

C’est donc un disque concept autour de la fin du monde, du chaos urbain et du contrôle totalitaire à venir (encore Georges Orwell en influence… ?).
Hyperpower! donne le ton avec son rythme martial joué par Josh Freese et son embrasement d’électro agressif mêlé aux cris d’horreurs. Le hit de stade se fait bien ressentir sur The Beginning Of The End et Survivalism dégaine la règle du bon vieux tube industriel déjà servi sur With Teeth.
La suite de l’opus sonne plus apaisé et expérimental où les beats électro sont envoyés en rafales. Reznor façonne ici un surprenant côté hip-hop, que l’on connaissait antérieurement disséminé au travers des singles Only ou Into The Void. Mais il semblerait que la récente implication du bonhomme au sein des albums de Saul Williams (qui participe d’ailleurs sur 2 titres de Year Zero : Survivalism et Me, I’m Not) soit devenue fortement influente dans son travail. Une remarque évidente quant au flow dégagé sur Capital G et l’auto-parodique God Given.



jeudi 7 octobre 2010

// MONO - Walking Cloud And Deep Red Sky, Flag Fluttered And The Sun Shined

 
Sorti le 14 avril 2004 sur Temporary Residence Limited

Aaaaah le post-rock instrumental !

« Mono : le post-rock pour les nuls » ai-je entendu quelque part et c’est bien ça !

Pour commencer, rien que le nom de l’album donne dans le cliché pur et dur : « …cloud…sky…sun... ». Ca leur permettra peut-être de jouer à 19h50 chez Evelyne Dhéliat...
Niveau morceaux, c’est toujours le même schéma : La beauté des passages contemplatifs qui montent en puissance, superposant les unes sur les autres 42 nappes de guitares aussi résonnantes que l’agonie d’une baleine échoué sur une plage d’Okinawa, et là : PAF ! Déflagration bruitiste apocalyptique à 18min52 de la chanson, où c’est l’engloutissement du monde, le soleil se crache sur terre, les grandes profondeurs glaciales et crépusculaires explosent ; C’est la disparition accélérée de la race humaine.
Nan, sérieux ; C’est juste la bonne vieille recette à tonton Godspeed et tata Mogwai. Chaque ingrédient que je viens de caricaturer est là, tout comme le talent et la sincérité de ces japonais qui font ici de très beaux morceaux. C’est appréciable et ça s’écoute franchement bien, mais restons lucide : le classicisme est de rigueur.

Enregistré par Sieur Steve Albini.

mercredi 6 octobre 2010

// NOIR DESIR - Veuillez Rendre L'âme (à qui elle appartient)

 Sorti en 1989 sur Barclay

Dans le style rockeurs FM adulé n’importe où, n’importe quand, par n’importe qui ; les USA ont Nirvana, l’Angleterre possède Radiohead, et notre beau pays peut se targuer d’avoir fait exploser à la face du m…de la métropole (nan je suis méchant, ils ont déjà joué en Italie, en Russie ou en Syrie quand même…) Noir Désir.

Noir Dez’ (pour les intimes), ça plait à nos potes nanards, à nos vieux, aux bons gauchistes parigos soixante-huitards, à plein de gens ! Et ca permet de jouer des reprises de rock’n’roll parfois engagée (L’homme Pressé…) en respectant le guide de la bonne conduite. De quoi par chance se produire dans n’importe quel bar et se ramener une gonzesse au pieu après le show si vous avez une gueule aussi mignonne que Bertrand Cantat.

Bref, n’empêche que leur statut n’est pas énorme ici pour rien. En 1989, Veuillez Rendre L’âme (à qui elle appartient) a contribué à cette notoriété, sans non plus atteindre l’impact d’un Tostaky ou pire d’un 666.6667 Club, mais c’était l’ascension vers le succès.
La force des textes n’a toujours pas trouvé d’équivalent aujourd’hui (ce n’est pas Calogero, Téléphone ou Indochine qui peut s’en vanter…), le lyrisme intelligent et imagé de Cantat contient des métaphores ou des figures de style qu’un prof de français ne penserait jamais à montrer (A l’arrière des taxis, Aux sombres héros de l’amer et ses airs marins…), sur une atmosphère si dangereuse et magnifique à la fois (Le fleuve, Sweet Mary, Joey…).
La révolte ténébreuse transpire tout au long de ce disque, un disque intense musicalement ; Denis Barthe, Serge Teyssot-Gay et Frédéric Vidalenc assurent comme ils se doivent mais le son apparaît néanmoins trop lisse et claquant à mon goût. Tous les ingé peuvent repassés derrière ; il n’y a plus rien à nettoyer.

mardi 5 octobre 2010

// PJ Harvey - Uh Huh Her


 Sorti le 1er juin 2004 sur Island

Simples et intimes, les chansons de l’anglaise défilent dans un rock tendu et obscure, en évitant habilement de nous percuter la face. Et ça, c’est un des talents de la mystérieuse Polly Jean, faire passer de la tension en délicatesse.

Mr. Badmouth et Shame sont de belles preuves que la dynamique peut s’allier à la mélancolie, tandis que Who The Fuck ? et The Letter fait un petit tour du côté du Rancho de la Luna. Le passage de la chanteuse au sein des Desert Sessions n’étant pas sans conséquences…

C’est minimaliste mais en même temps riche. Des ballades de greniers (Pocket Knife) parfois très (trop ?) courtes (No Child Of Mine), de l’exotisme sensuel et bouleversant (You Come Through), avec une pointe de fougue (Cat On The Wall), et l’amour au centre du débat, comme il l’a souvent été magnifiquement disséquer dans sa longue et fructueuse discographie.

lundi 4 octobre 2010

// EINSTÜRZENDE NEUBAUTEN - Tabula Rasa


Sorti en 1993 sur Thirsty Ear

C’est une musique expérimentale plus pop et aux structures moins complexes, qu’Einstürzende Neubauten cherche dorénavant à construire plutôt qu’à déconstruire (une évolution de parcours quasi-similaire à celle de Sonic Youth…). Les sidérurgistes berlinois cherchent en effet à calmer le jeu, 4 ans après l’apogée d’Haus Der Lüge, sans avoir stoppé l’usage de sonorités concrètes forgeant le caractère industriel de leur musique.

Le charismatique Blixa Bargeld et sa bande entre dans l’ère des années 90 avec un son proche de Nine Inch Nails, comme l’attestent Die Interimsliebenden (qu’on peut rapprocher avec The Only Time de l’album Pretty Hate Machine ou The Big Come Down de The Fragile) et 12305(te) Nacht (qui aurait pu trouver sa place sur le Year Zero de Reznor).

Une empreinte de légèreté nous berce à travers Zebulon et Blume, en duo avec l’australienne Anita Lane dont la voix chantée-parlée se marie discrètement à celle de Bargeld, appuyée par des arpèges d’harmoniques subtiles.