Les grands débuts des Messieurs bricolage. C'est LA musique industrielle dans son essence même avec des sonorités qui puisent leurs forces dans le BTP et appuient tout un questionnement philosophique sur la relation entre l'homme et la matière, sur l'urbanisme et l'architecture, sur le malaise et/ou la fierté d'être acariâtre envers la société moderne. Le son y est brute, primitif, agressif, déconstruisant toute convention, ritualisant un nihilisme à fleur de peau et rejetant la moindre mélodie qui pourrait adoucir nos pauvres petites oreilles. Choisis donc ce camp lecteur - celui des voix écorchées, des marteaux-piqueurs, des barres à mines et des plaques de fers - et réarme ton fusil.
"La musique, c'est du bruit qui pense" disait Victor Hugo. Si seulement il avait pu écouté ça...
Ô mélancolie, quand tu nous tient... Ceci est un (long) voyage au sein de la beauté sépulcrale proposé par Chromatics. Ça faisait quand même 5 ans d'attente depuis Night Drive ! Il s'agissait pour les fanatiques de prendre son mal en patience, mais ces 17 joyaux de pop romantique nous sont enfin parvenus avec Kill For Love et la surprise est de taille: troublant de par sa beauté aérienne, dansant par ses beats robotiques, hanté par une voix sensuelle aux textes fragiles où parfois s'ajoute un vocoder androgyne, ne soyons pas avare en compliments car le quartet de Portland a su faire évoluer sa formule gagnante. Chez eux, La new-wave est revisité dans une kyrielle bouleversante et prépondérante de nappes synthétiques où il va falloir prendre son temps (90min de musique dont No Escape et ses 14min d'ambiances froides). Ça sniffe autant du The Cure que du Glass Candy (eh oui, y'a Johnny Jewel dans Chromatics), du Brian Eno que du Joy Division, et osons même le comparatif à Massive Attack à l'écoute du superbe A Matter Of Time. Une belle affaire de délicatesse.
On peut facilement se sentir nostalgique des Frizzle Fry et Sailing The Seas Of Cheese, mais le Primus du XXIème siècle n'apporte rien de puant. Bien au contraire. C'est toujours autant hors du commun, ne satisfaisant aucune mode, aucune attente (y compris la mienne) et ce Green Naugahyde mérite autant d'éloges que les précédents efforts; à la fois négligé et burlesque, lugubre et couillon, dérangeant et poilant. Ça reste la fête du slap et du groove sautillant bariolés de textes cartoonesques où les changements ne relèvent que d'un habile renouvellement de style: rythmique reggae (Last Salmon Man ; Lee Van Cleef ; Moron TV), émanation psychédélique (Hennepin Crawler ; Jilly' On Smack) et chant nasillard d'un Claypool qui se veut plus mystérieux, réservé. Primus garde ce funk-rock indéfinissable et trouvera toujours tribune à sa connerie.
Bayou Country. Tout est dit, vous savez ce que ça contient. Un swamp-rock localisé autour de La Nouvelle-Orl'...eh merde, je me suis fais avoir comme d'autres; les Creedence sont Californiens. Ceci étant y'a vraiment de quoi se mettre le doigt dans l’œil jusqu'au coude puisqu'on a là un savant mélange de rhythm'n'blues cajun, de z'haricots (ou zydeco si vous préférez), de country, et d'esprit sudiste pouvant convenir au meilleur intellectuel de l'Université d'Alabama comme au hillbilly le plus con des Appalaches. Il n'empêche que la recette fait mouche, et pour cause, les mélodies sont quand même sacrément bien dégotées ("Proud Mary" ; "Born On The Bayou", la reprise de Little Richard "Good Golly Miss Molly"...), la voix de John Forgety y est merveilleusement éraillé, et les riffs ressortent avec panache des méandres du Mississippi. C'est magique, culte et monumental, à l'instar des Rolling Stones et des Beatles... Ils auront vraiment tout pompé aux nègres, les salauds.
Kavinsky va te faire enculer, car c'est pas ta musique pour séminaire de coiffeurs à Monaco qu'on va évoquer ici. Parlons plutôt de Steve Moore, non-pas le joueur de hockey canadien, mais ce trublion jouant dans le duo space-rock Zombi, collaborant avec Red Sparowes ou Sunn O))), remixant pour Genghis Tron, et fricotant avec l'écurie Relapse. Un collectionneur de synthés analogiques résolument perché dans ses délires électroniques et synth-waves, puisque le voilà avec son projet Lovelock déversant son trip cosmic-disco FM sous psychotropes d'années 80. Et hop ! Encore un disque relativement inconnu alors qu'il est capable de collé des uppercuts à certains quand on entend ces chefs-d’œuvre adaptés pour rouler la nuit sur le périph: New Age Christ (Daft Punk out !), Don't Turn Away ; Maybe Tonight (Kavinsky -sac à merde- Out !), South Beach Sunrise (Tellier out !). Alors pourquoi un truc pareil n'intéresse pas les radios ? Car c'est authentique, percutant (putain, le doublé final Love Reaction / Deco Delight), et Mr. Moore ne suce pas, lui.
Dans la continuité de Low, ce deuxième volet de la trilogie berlinoise y concentre autant son lot de tubes (The Beauty And The Beast ; Joe The Lion ; le monumental Heroes), d'expérimentations glauques (Sense Of Doubt ; Neuköln) et de minimalisme éthéré (Moss Garden) que son prédécesseur. Brian Eno tient toujours les manettes aux services du "Thin White Duck" pour l'aider à modéliser sa new-wave avant-gardiste jonché de progressions krautrock et de pop fantasmagorique, tout en renouant avec le feeling synthétique qui peuplait les sinistres paysages sonores de Low. Et le Maitre s'avère une fois de plus en passe de donner la leçon.
A plus de 60 piges, celui que l'on connait en tant que cinéaste de films obscurs et hallucinatoires (Mulholland Drive ; Lost Highway ; Elephant Man...) se terre dès 2011 en studio afin d'y préparer un disque singulier de trip-hop claustrophobe et de blues décharné. Rythmes électronique, ambiance ténébreuse, les voix enregistrées y semblent aussi égarées qu'épouvantées, contenant de quoi raviver la poisse intrigante des scènes les plus mystiques qui nous ont marqué dans son cinéma. L'homme invite aussi Karen O des Yeah Yeah Yeahs a apporté sa folie géniale sur l'ouvrant Pinky's Dream, histoire de signé ce disque lancinant du tube sulfureux qui s'en mérite.
On sait globalement peu de chose sur DEAD, projet "rescapé" du néant.
Juste que la qualité du 1er EP "Transmissions" nous a
littéralement sautée au visage, nous donnant l'envie inhérente d'en
savoir plus. Officiant dans une musique industrielle chamanique, le trio
puise aussi bien du côté des A Place To Bury Stangers que de The Soft
Moon, groupe avec lequel ils ont partagés très récemment l'affiche.
Après un court échange de mail; Brice et Berne Evol respectivement
guitariste et chanteur du groupe, ont gentiment répondus à nos
interrogations.
VIOL AUDITIF: Pouvez vous nous expliquer qu'est-ce que DEAD? Le concept, les horizons musicaux de chaque membre... Est-ce un side project, ou êtes vous uniquement impliqué dans DEAD ?
Brice (guitare): C’est assez compliqué. Le projet date de plus de deux ans, comme l’EP d’ailleurs. On l’avait oublié puis on a tout balancé sur Facebook en Novembre dernier. DEAD renaît, on va dire. DEAD c’est donc un projet Noise/Industriel où on mélange un peu tous nos influences étant donné qu’on a des âges complètement différents, ce qui donne un résultat assez hybride, j’aime bien. D’ailleurs, on nous dit souvent que notre son se rapproche assez de Nine Inch Nail ce qui est plutôt drôle car je t’avoue qu’on n’a jamais écouté ce genre de musique, et je t’avoue que je n’assume pas trop ce côté là. C’est sans doute le côté indus de notre son. Pour ma part, je suis plutôt fan de shoegaze, post punk et noise et pour tout te dire j’adore les A Place To Bury Strangers. On peut dire que DEAD est un side project mais pas que. Bernard (Machine) joue aussi dans Maria False & Darcy et j’ai aussi un autre groupe avec le chanteur des Maria False: future.
Berne Evol (chant) : Personnellement je n’ai pas d’autres projets musicaux à côté, ce qui fait que pour moi DEAD n’est pas un side project, mais je comprends ce que Brice veut dire…. DEAD n’a failli pas voir le jour, c’est un projet rescapé en somme ! D’ailleurs side project ou pas il faudra dorénavant compter sur nous car nous ne sommes pas prêts d’arrêter et nous avons une faim de live qui n’égale que son contentement ! En ce qui concerne les influences, il y’en a effectivement beaucoup (nous écoutons tous beaucoup de musique) mais DEAD a un son bien à lui et il serait compliqué de dire que çà ressemble à ci ou ca….En ce qui me concerne j’arrive des 90’s, j’ai été bercé par Sonic Youth, PJ Harvey, Dinosaur jr, Pavement ….
Vous avez sorti en novembre votre 1er EP "Transmissions", peut on
voir là un clin d'oeil à Joy Division? Plus loin, quels sont les
"entités" qui vous inspire (Groupes musicaux, livres, film...)?
Brice :
Pas du tout. On aimait juste la sonorité de ce mot. Et puis, l’EP en
soit transmet quelque chose de nouveau en terme de son et d’esthétisme.
Après on aime ou on aime pas.
Berne Evol : Dans les
références littéraires il y’a William Burroughs qui pour ma part à pas
mal marqué mon univers artistique…. Il y’a des bouquins comme « The
Naked Lunch » ou « Junkie » desquels on se remet pas. Niveau cinéma
j’aime beaucoup Lynch mais c’est quelque chose qu’on a pas le droit de
dire aujourd’hui….Ca fait trop surfait ! (rires)
J'ai vu que vous aviez partager l'affiche avec l'excellent groupe THE SOFT MOON. On peut voir des similitudes avec DEAD: le caractère hypnotique de votre boite à rythme et des machines, donnent un aspect assez tribal à votre musique . Est-ce une façon d'amener l'auditeur vers une forme de trans?
Brice : Ce concert en première partie des Soft Moon était plus qu’inattendu. Quand on a commencé à jouer avec Berne, on a tout de suite accroché avec leur premier album sorti en 2010. Donc autant te dire que pour un premier concert c’était vraiment bien. C’est vrai que DEAD est assez hypnotique, voir limite dansant... Berne Evol : Effectivement nous sommes très contents d’avoir été remarqué pour cette première partie !
Comment se passe le processus de composition? La musique électronique vous permet t-elle de composer à distance? Ou êtes-vous au contraire restés sur un mode très traditionnel: c'est à dire les trois séquestrés dans une salle de répète?
Brice : En ce qui concerne le processus de composition, chacun amène sa touche perso. Vu qu’on est séparé géographiquement on compose tout à distance, mais c’était aussi le cas donc ça ne change pas grand chose. Généralement, je compose quelques idées que j’envoie à Berne et Bernard. De son côté Berne bosse ses paroles et Bernard, revisite le son en y ajoutant des machines, en re-bossant le son et en restructurant un peu.
Vous avez élaboré un clip vidéo pour la chanson No Place For Us. La symbolique du rouge m'a particulièrement interpellé, que représente t-elle exactement? Son utilisation me fait penser à celle de Frank Miller dans Sin City...
Berne Evol : Le clip « No place for us» parle de domination Alpha Omega, de sexe, de frustration, d’amours gâchés, de convoitises, de tromperies , d’attentes et de deception…. Bref tout un blah blah qui tourne autour de l'insatisfaction en somme. Le rouge étant la couleur de la passion, de la violence et de l’amour, il était essentiel de l’incruster dans l’univers sombre de ce clip...
Dernière question, quels sont vos projet pour le futur? Album ? Tournée?
Brice : Prochainement on va jouer aux "Bars in Rennes" le 30 Mai prochain au Bar Hic’ avec Maria False. On a aussi une date de prévue en Juin à Glasgow pour le Glasgow Psych Fest et en Juillet on part jouer dans un festival à Vilnius en Lituanie. Donc pas mal de voyages mais c’est cool on aime ça. On bosse aussi sur le deuxième EP qui devrait sortir à la rentrée Septembre ou un peu après.
Merci à vous d'avoir pris le temps de répondre à nos questions, on vous souhaite une bonne continuation pour la suite...
Pour découvrir le groupe, le 1er EP "Transmissions" est en écoute intégrale sur leur bandcamp: http://dead-band.bandcamp.com/. Vous pouvez également contacter le groupe pour télécharger gratuitement l'EP à l'adresse deadband.press@gmail.com. Enjoy !
Nouvel album qui fête les 10 ans
de ce combo nantais ayant tourné avec Kylesa, The Ocean, Capricorns, Lair of
The Minotaur et j’en passe… Sleepwalkenvoie une purée à la fois heavy et mélodique
dont on accueille à bras ouverts l’énergie power-pop en même temps que les
premières chaleurs printanières sur l’Hexagone (pas trop tôt me
direz-vous !).
Ici c’est d’une flagrante évidence
immanquable et inévitable : On pense clairement à Torche en insérant la
galette (Giant Heads, Ants In Suits, Sleepwalk, Sharp Beaks Strike
Back…). Ca saute aux oreilles comme Proust qui ressent l’enfance en gobant
ses madeleines. Mais si ce cher Marcel prenait malgré tout plaisir à les
re-bouffer ses putains de madeleines ; et bien il y va de notre même gaieté à écouter
Watertank. Car il faut bien admettre qu’on a ici affaire au gros son impeccable
d’un groupe aux influences metal/punk/pop/noise bien digérées, au style
joyeusement décomplexé, qui en dehors de Torche rappelle aussi bien l’efficacité
tubesque d’un Quicksand, Helmet ou d’un Baroness. Alors comment ne pas
apprécier ces riffs abrasifs d’un groove imparable qui surgissent tout au long
de la galette (Where It All Begins, Pro Crook, le
« Portobellonesque » Fear Over
The City…). Holy Tranquilizer
emprunterait d’ailleurs presque aux relents
mid-tempo hardcore de Sofy Major (écurie Solar Flare également) tant l’ambiance
se fait plus oppressante et la voix plus glaireuse, tandis qu’une subtile
conclusion est donnée avec le prog-rock aérien Six Days, tout en aisance et en liberté. Chapeau Messieurs ! -La Floche-
L'album metal français de l'année?
Bien loin en tout cas devant
le dernier Gojira, pas nul mais laissant déjà entrevoir une baisse
d'inspiration et qui a pourtant monopoliser la presse au moment de sa
sortie.
De l'inspiration et de la suite dans les idées pour le
coup Klone n'en a pas manqué pour son dernier album The Dreamer's
Hideaway. Les poitevins feront même taire ceux qui aimaient jusque là
les réduire a un banal ersatz français de Tool en déployant un éventail
d'influences et d'ambiances incroyablement variés. Empruntant autant au
grunge d'Alice In Chains et à la folie de Mastodon qu'a la guitare de
Dimebag Darrell - le tout dans un souci de cohérence et de concision
bien maitrisé - Klone signe sans doute ici son meilleur album depuis sa
formation en 1999, bien plus éloquent que son prédécesseur, Black Days
(2010) dont ils n'avaient déjà pas à rougir.
Le groupe a réussit
le tour de force de ne garder que l'essentiel de sa musique pour le
décliner sur des formats beaucoup plus courts qu'à l'accoutumée (seul
Walking On Clouds atteint les 7min) - tout en gagnant encore plus
qu'auparavant en richesse et en arrangement – et signe de cette manière
une jolie tripotée de pépites indélébiles telle que Rocket Smoke,
l'éponyme The Dreamer's Hideaway, Rising et j'en passe qui s'intégrent
d'ailleurs a merveille dans les excellents live du groupe (à ne louper
sous aucun prétexte, sauf s'il y a conflit avec une date de M.Pokora
bien sûr.)
Inutile de chanter les louanges de Florent Marcadet une
fois de plus (qui par ailleurs matraque également les fûts pour Hacride
depuis peu, Hacride qui nous promet aussi une grosse surprise pour
bientôt), en revanche on remarquera la prestation exceptionnelle de Yann
Lignier qui a considérablement gagné en confiance et en caractère sur
cette nouvelle production.
La production tiens, parlons-en, parce
que non-content de signer l'un des meilleurs albums de la scène
française actuelle, Klone a aussi sut innover en terme de son en évitant
l'écueil bête et méchant du mur de guitare bien métallique sans nuances
et en laissant au contraire pleinement respirer sa musique et toutes
ses subtilités, à la manière d'un Opeth un peu plus furax et rock.
On l'attendait plus forcément avec grand espoir ce nouvel album de
Soundgarden, surtout après la sortie de cette immonde single pondu
(chié ?) par Chris Cornell pour le film The Avengers. Déjà que
l'honnêteté d'une reformation peux toujours être mise en doute, surtout
chez un groupe comme celui là qui avait splitté suite a de nombreuses
tensions internes, mais si en plus c'est pour nous ressortir une parodie
des classiques du groupe, alors non.
Une excellente surprise
pourtant que ce King Animal qui semble reprendre la carrière du groupe
pile là où elle s'était arrêtée en 1996. Synthèse entre les riffs
Zeppelinien et Catchy de Superunknown (1994) et les ambiances chiadées
de son successeur Down On The Upside (1996), ce nouvel album contient
tout ce qui a fait la force du légendaire groupe de Grunge dans les 90's
( à l'exception de ce coté plus sombre et habités à la Badmotorfinger,
au regret de certains... ) : composition a la fois intelligentes,
parfois étranges, mystérieuses et efficaces aux mélodies de guitare
instantanément reconnaissables, aux envolées vocales magnifiques et
rageuses (les plus belles de Chris Cornell depuis disons Audioslave ?) et
à la section rythmique encore plus pertinente qu'auparavant. On
admirera en effet le jeu de Matt Cameron et ses signatures de temps
improbables et pourtant dansantes. Matt Cameron qui, entre Pearl Jam,
Soundgarden et ses projets personnels a finit par se faire un CV bien
plus parlant que n'importe quel Dave Grohl.
Cette cuvée grunge
2012 comporte d'ors-et-déjà son lot de classiques qui s'intégreront a
merveille dans les setlist du groupe. On pourrait s'arrêter à la
triplette gagnante qui ouvre l'album : Been Away Too Long, Non-State
Actor et Them Crooked Steps mais aussi cette magnifique ballade
d'extra-terrestre qu'est Taree sans même oublier cette petite échappée
punk pied au plancher avec Atttrition. Alors, c'est pas la marque des grands de retours ça ? -Elie-
Un nom d'album avec le mot Rock dedans,
c'est sur qu'on a vu plus original. Mais là on parle de Clutch les gars.
Sûrement le groupe de stoner le plus coolos et le plus régulier en
terme de production depuis maintenant une vingtaine d'années.
La
plupart des groupes qui déclarent vouloir sortir un album plus heavy,
nerveux , arguant un retour au source à base de phrases chocs n'offrent
souvent que de la poudre aux yeux. Les 4 membres du groupe ont ici
l'intelligence et le talent de mettre à exécution ce qu'ils déclarent
dans la presse. Earth Rocker tend effectivement plus vers un Blast
Tyrant plutôt qu'un Strange Cousins from The West (carrément plus
bluesy).
Le frontman Neil Fallon
-qui excelle à nouveau sur cet album- a indiqué vouloir respecter
l'ordre des chansons lorsqu'elles seront joués en festival. L'album a
donc été pensé de cette façon en termes de production, gagnant en
concision. Et c'est vrai que certains morceaux sont des futurs hits sur
scène. Pour les citer: Earth Rocker et son refrain ravageur, Crucial
Velocity, The face, Dc Sound Attack (l'harmonica !), la ballade spoken
word Gone Cold, Oh Isabella...C'est direct, dans la pure veine des
premiers. Une très bonne cuvée qui ne fait qu'accroitre tout le respect que l'on porte déjà pour le groupe. -Jéjé Allin-
Pour une fois qu'on ne se fait pas enfumé par un nouveau all-star band... Jugez par vous-même.
Billy Howerdel, Maynard J.Keenan (Tool), James Iha (Smashing Pumpkins), Jeordie White (Aka Twiggy Ramirez chez Marilyn Manson) et Josh Freese (liste trop longue...) ont réussit leur coup, à savoir donner une suite qui surpasse le premier opus Mer de Noms. Une suite aussi mélancolique que mélodique, aux ambiances envoûtantes (The Noose ; Vanishing ; Gravity...) mais jamais éloigné du rock vindicatif et élaboré des débuts (The Outsider ; Pet...). Multiplicité des émotions, compositions profondes, esthétisme délicat, la surprise de taille provient d'un Maynard sachant se rendre fragile ("The Nurse Who Loved Me") ou enchanteur ("A Stranger").
A ranger dans les meilleurs albums de la décennie 2000-2010. -La Floche-
L'essentiel en 32 titres établis chronologiquement puis séparés en deux disques: 5 morceaux du mythique Black Sabbath (février 1970), 6 du Paranoid (septembre 1970), 5 de Master Of Reality (1971) puis on change la fournée: 3 chansons du Volume 4 (1972), 3 de Sabbath Bloody Sabbath (1973), 4 de Sabotage (1975), "Dirty Women" en unique pépite du Technical Ecsatsy (1976), 2 titres du Never Say Die! (1978) avant la clôture "Heaven And Hell" ; "Turn Up The Night" ; "The Dark/Zero The Hour" en compagnie successive de Ronnie J. Dio et Ian Gillan circa 1980-1983. -La Floche-
Death-punk cradingue à l'attitude sado-gay outrancière, le combo norvégien assimile dans sa tambouille le rock'n'roll torride des Stooges, le glam électrique de Kiss ou T-Rex (cf. la reprise explosive Get It On) et l’esthétique d'un gang terroristes esprit Village People/Orange Mécanique. Jeu heavy, solos à la virtuosité hard-rock et paroles provocantes - "Fornicator of the Lasso, Sperminator of the Asshole" (Prince Of The Rodeo) ; "I got a steal machine, I got a mongo’s dream" (Selfdestructo Bust) ; "Merging Zeus and Spartacus, in Rendez-Vous With Anus" - Turbonegro prône une fois encore son ivresse de liberté décadente et puérile sous les traits de l'armée du vice. -La Floche-
Sous les stigmates politico-religieuses d'après-guerre, Sarajevo aiguise son potentiel musical là où on ne l'attend pas. Le duo Vuneny trouve désormais sa place dans la musique électronique européenne en taillant un portrait efficace du genre. Rythmiques saturées, craquements dubstep effrénés, ambiances belliqueuses (How We Are Connected ; Fate of Outer Planets) ou hostiles (Define Violence II ; Loving Calm Of Your Arms ; Hold That Thought), cet album puise une recherche fondamentale dans les musiques de films contemporains et le triturage des machines laisse parfois une place bienvenue aux enrichissements guitare/piano. Troisième disque qui affirme l'identité du duo, Whatever Singularity est une œuvre superbe, sincère et appliquée. -La Floche-
"...Je mets les pieds où je veux Little John, et c'est souvent dans la gueule..."
Combo bisontin basse-batterie passé auparavant sous les drapeaux de Second Rate, Generic y fait similitude avec ce noise-punk écorché vif où la basse et le chant (ponctuel) grognent de façon tenace (Pink Lady ; Les Folles Avec Les Fous ; Little Yellow Jacket...). Les interludes sinistres, l'attribution partielle de samples et le minimalisme électro n'entravent en rien l’homogénéité de cet opus rudement ficelé.
Monolithe industriel froid, brutal et déshumanisant. Streetcleaner est aussi horrible qu'un abattoir fournissant du McDonald's, qu'un chiot trainé derrière une voiture, une lapidation sur une place publique ou des préliminaires avec Mireille Mathieu. "Like Rats" ; "Christbait Rising" ; "Head Dirt" ; "Tiny Tears"... Ce disque va encore plus loin que de représenter le style metal/indus; il le salit à tout va, le souille d'une violence en putréfaction avec ses riffs lobotomisants, ses larsens nauséeux et ses séquences martiales. Broadrick éructe son timbre guttural tel un chef rassemblant ses guerriers pour le sacrifice, celui d'une musique mise rudement à l'épreuve. Gore, et génial !
Pierre angulaire du post-hardcore à l'aube d'un nouveau siècle, cette première production d'Albini qui intervient après le monumental Through Silver In Blood reste incontestablement un moment de grâce. On y trouve cette thématique constante où l'homme et la nature sont livrés à leur propre déchéance. Une théorie récurrente dont la puissance organique est une fois de plus à son chevet, de par ces assauts de fureur pachydermique (The Doorway ; Under The Surface ; Times Of Grace), ces ambiances orageuses (Suspended In Light ; Belief ; Away) et ces ballades funèbres (Descent ; The Road To Sovereignty). L'instant est intense, l'horizon des plus sombres. Voilà un album inébranlable qui porte on ne peut mieux son nom.
Justin Broadrick ne croyait pas si bien dire en affirmant
que Jesu constituait la réponse féminine à Godflesh. Sur le fond, le lien est
évident avec ces séquences rythmiques programmées pour labourer une lourdeur
metal/indus percutante. La forme, quant à elle, se démarque pour son ambiance
éthérée, au chant clair et mélodique, avec ces envolées shoegaze tout droit sorties
du style Ride ou My Bloody Valentine (influences que personne n’objectera). Cet EP Silver constitue la meilleure approche
du nouveau projet Broadrick, d’abord déconcertant, ensuite attachant. Ne
cherchons pas la hargne dans cette œuvre aérienne emplie de quiétude et d’héroïsme.
Ce disque a été fuit comme la peste par les médias, les fans, Geffen et le groupe lui-même. Un peu trop cheap pour les uns, trop électro pour d'autres, l'aspect sur-travaillé et très plissé du son semble être surtout à l'origine du dégoût général. Ma foi, que chacun s'en tienne, il est vrai que Girls Against Boys n'est ici pas à son meilleur, la noise des débuts s'est égarée, mais le disco-rock-groovy psyché et distorsioné de Freak On Ica contient du potentiel. Dès l'assaut donné sur Park Avenue, les riffs post-punk balancent et serpentent sur l'efficace paire de basses ronronnantes, il en de même pour Speedway ou Vogue Thing qui prennent fiévreusement à la gorge. La voix crooner de Scott McCloud sait toujours se faire aussi envoûtante et la rythmique syncopée bastonne à tout-va. Mais ce que les New-Yorkais n'avaient jamais tenté auparavant, c'est ce penchant new-wave où les synthés et les scratches interviennent là où ça fait du bien (mal pour d'autres): Pleasurized ; Black Hole ; Push The Fader... Les risques et périls d'une nouvelle exploration sonique.
"Nous sommes là pour faire danser les gens. Changer le cours de la planète n'a jamais été un but ou même un rêve pour Prodigy" disait en bon couillon Liam Howlett dès 94. Le cerveau créateur s'est alors mis le doigt dans l’œil jusqu'au coude en accouchant, avec ses deux vedettes street/punk Keith Flint et Max Reality, de la plus grande bombe électro jamais connu, constituant une issue de secours à une double décennie ravagée par la sacro-sainte merde Eurodance. Car ici, pas besoin d'être un Raver effronté pour prendre plaisir à booster les basses fréquences et faire résonner les beats du hip-hop abrasif Diesel Power, du techno-rock Serial Thriller, ou des populaires Smack My Bitch Up, Breathe et Firestarter. Les manœuvres hybrides percutent avec une cadence infernale et les hommages contemporains sont nombreux (sample des Breeders sur Firestarter ; des Beastie Boys sur Funky Shit ; reprise du Fuel My Fire de L7...). L’Angleterre a une fois de plus déminé la situation.
Fort de ce premier album paru un an après les EP Slickleg et Lifesblood, ces quatre sudistes d'Atlanta font déjà preuve d'une force de composition éclatante dans la case artistique "metal moderne", entre sludge breaké (Crusher Destroyer ; March Of The Fire Ants ; Burning Man ; Mother Puncher...) et progressions mystiques (Ole' Nessie ; Trainwreck ; Elephant Man). Il est indispensable pour ceux qui aiment le heavy aventureux et hypnotique de haute technicité - roulements de batt' surdoués, contre-temps haletants et solos de guitare sophistiqués - de se pencher là-dessus, avec en guise d'emballage un artwork bien soigné.
Accouché dans la douleur et imprégné d'une force post-punk où l'expérimentation règne en maître sur une atmosphère hostile, The Horse, The Rat And The Swan amène Snowman à délaisser l'Australie pour le vieux continent en installant ses quartiers dans la grisaille londonienne. Une grisaille qui culmine en fil rouge sur cet album brumeux, énigmatique, perturbant et proche du chaos, ponctué d'explosions tribales lorsque la batterie entre en jeu, que les voix s'écorchent et que les guitares, tantôt désertiques, tantôt shoegaze, fusionnent aux délires barrés des cuivres (saxo et clarinette en amont). Bel exemple de dandysme sombre immaculé du sang des Swans et de Birthday Party. N'oublions pas ces chirurgiens de l'apocalypse.
"Baiser ta mère, c’est un sale boulot, mais il faut bien que quelqu’un le fasse".
A la confluence des Cramps, Iggy Pop, et Joy Division, les bouddhistes allumés de Eighties Matchbox sont arrivés comme des merdeux sans pitié dans une industrie musicale occupée à branler les nouilles des Strokes, Bravery et autres Libertines. Avec leur allure de gothiques grand-guignolesques ravagée par des excès distingués (bastonnades et jets de vomi sur scène...), ces Anglais mal-aimés ont traumatisé par leur punk-garage psychobilly au swing sexuel prononcé, entre puanteur horrifique et groove désertique. Horse Of The Dog est un édifice déjanté où lesfous furieux Celebrate Your Mother ; Chicken ; Whack Of Shit ; Psychosis Safari ; Fishfingers vous donneront l'envie de vous gaver de pilules devant un film d'horreur de série Z.
La contre-culture hippie a eu beau se terminé en déclin, les objets de valeur ont subsisté. Quoi de plus emblématique que ce Surrealistic Pillow pour synthétiser l'essence même du Summer of Love de 1967: Psyché', camé, émancipé, fraternel, optimiste et candide. Rien de méchant ici, juste un bon acid-rock symbole d'amour libre et de défonce en communauté, un folk sous psychotropes où l'influence de la musique nègre du delta se fait ressentir dans des compositions aussi niaises qu'excellentes. Du flower-power à l'extrême, impulsé par la sulfureuse Grace Slick dont la voix atteint des sommets sur les mythiques Somebody To Love et White Rabbit... Faut-il encore présenter ?
Sorti le 23 octobre 2012 sur Rhymesayers Entertainment
Contre-pied urgent dans le milieu rap pour ce multi-instrumentiste qu'est Stefon Alexander. L'anarcho-punk distribue ses coups et provoque la collision dans ce crachas alternatif non-conformistequi remet le style à niveau. We Don't Even Live Here est une scène de crime qui va laisser à coup sure quelques douilles dans les esprits et les dogmes: politique, société de consommation, influence des grandes marques... . Musicalement, le flow incisif du MC retentit sur les claviers, scratches, guitares et la percussion appuie la répercussion des textes avec ces beats électro doublés de prises batteries live. Et comme il faut que ce soit parfait, invitez à la bringue Justin Vernon de Bon Iver, Sims, Astronautalis, Mitclan et Isaac Gale des Marijuana Deathsquads pour façonner un peu plus l'image d'un disque déjà bien admirable.
Electric Worry, un nom évocateur où l’on pige que le trio
aime Clutch. Puis on insère la galette, et l’on comprend vraiment que les trois
jeunes Comtois adorent la bande à Neil Fallon. Ah putain de merde ! Ca te
monte à la gorge…et alors qu’on pense de nouveau avoir la nausée d’un énième groupe
français cherchant la reconnaissance en s’inventant des origines Dixies, c’est
plutôt l’adrénaline qui prend et la banane qui s’affiche sur ta gueule à
l’écoute de ce Back To Motor City. Des
bars enfumés, des bagnoles, du rock’n’roll… Le message est clair,
l’univers est pas nouveau mais les trois gaillards bavent avec conviction ce
que le heavy-metal a donné de plus groovy dans son Histoire, à savoir un bon
gros stoner-rock qui fait bouger le ptit cul de ta poulette, des riffs
puissance 70’s imparables et une rythmique parée à te décrotter les santiags,
sans oublier ce bon chant de routier chaleureux ! Puis comment ne pas
favoriser l’excitant One Vision,
où l’assaut sonore est aussi massif et souple que du Zeke. Alors procurez-vous
ce 4 titres et allez donc voir les gaillards sur les planches, qui sont loin d’être
une bande de sales poseurs.
Explosif et jouissif ! Ils ont gagné leurs galons à descendre Beale Street.