On vous avait annoncé la fête de la musique à Vesoul (70) avec les Kylesa, Sofy Major, Jack And The Bearded Fishermen, Samenstelling et Mandala. Beaucoup ont pensé à une mauvaise blague (et nous les premier) si bien que jusqu'au dernier moment beaucoup se demandait si la date avait réellement lieu ! Il est néanmoins 13 h 30 quand les Kylesa arrivent sur Vesoul pour décharger leur matos et se fumer une clope. Sachant que la ville de Vesoul est un trou de 20 000 âmes où d'habitude il ne se passe rien , la scène est suffisamment surréaliste pour nous faire tiquer! Les aficionados ne s'y trompent donc pas, et arrivent timidement sur le coup des 19 h 30 pour le début des concerts (pendant que d'autres resteront chez eux)... Certains diront que la fête de la musique est le prétexte à un taux de beaufitude élevé: ce n'est pas entièrement faux; mais ici la scène est suffisamment excentrée pour que les amateurs de gros sons soient loin de toutes bastons de footballeurs éméchés...
Les hostilités démarrent donc assez tôt avec les jeunes Samenstelling de Besançon. Chose originale, le groupe est composé d'une bassiste/chanteuse, d'une batteuse ainsi que d'un guitariste (il en fallait bien un pour le quota de barbu). Pas que ça ait une incidence quelconque sur le son; mais le trio s'aventure vers des sonorités post-rock et noise... La voix de la chanteuse apporte donc une certaine fraicheur, d'autant plus qu'elle se débrouille franchement bien. Les seuls regrets concernent la batteuse, qui peine à se lâcher plus ainsi que les temps morts entre les chansons (qui brisent un peu l'élan général)... Le guitariste joue néanmoins avec une bonne patate des riffs ingénieux qui nous rappellent les voisins Membrane ou encore Carusella. Une bonne découverte; il y a en tout cas quelque chose à creuser pour ce jeune groupe qui m'a laisser une impression positive.
Puis, c'est au tour des Jack And The Bearded Fishermen de venir nous présenter leur dernier album, Places To Hide. Inutile de dire que ce live était attendu par chez nous, tant ce skeud a fait grosse impression (Pour s'en convaincre, voir ma chronique). On prend donc plaisir à découvrir un nouveau set in vivo, et chose positive, le groupe n'a pas abandonné son gros son stoner. Les nouvelles song roulent des mécaniques (Scenario, Df Code,) tout en laissant entrevoir des horizons plus psyché (Beginner). Malheureusement, l'un des guitaristes se retrouve rapidement sans ampli. Après quelques minutes de stress, les membres rattrapent vite la chose , mais cela suffit à refroidir l'élan général du groupe (et on peut comprendre). Les bisontins reprennent malgré tout là où ils se sont arrêtés et confirment la bonne impression que j'avais pu avoir. Pour nuancer mon propos, je sais que certaines personnes m'ont confiées qu'elles auraient appréciées voir des titres de l'album précédent (Hunting Isn't Easy...When Dogs Become Wolves). On peut néanmoins comprendre l'envie du groupe de nous présenter des nouvelles choses.
C’est ensuite au tour des Sofy Major de fouler la semi-remorque et d’envoyer la sauce. Le trio Clermontois nous avait laissé une bonne impression lors de leurs concerts au Marais de Montigny-les-Vesoul (70) et au Pinky Bar de Montbéliard (25) en février dernier, et l’impression est confirmée. Le post-hardcore implacable de leur skeud Permission To Engage libère toute son énergie et sa fureur (le tube Outil ou le non-moins excellent Cobra Blanc), la rythmique est soutenue, au groove bien rentre-dedans (Stoom stoom stoom..) mais aussi plus nuancée (Non rien…). Difficile cependant de pouvoir ressentir en concert ce son pêchu qui sort du mixage d’Andrew Schneider sur Permission To Engage, tellement carré et puissant. Ce manque nous avait déjà marqué précédemment, pas la faute pourtant au groupe de se donner toujours à fond !
Le show permettra néanmoins à la soirée de gagner davantage en intensité et de faire chauffer un peu plus l’ambiance.
S’ensuit donc la machine Kylesa, bien huilée, bien rôdée, où seul le guitariste Phillip Cope parait être dans le gaz ce soir-là. On a d’abord pensé que le grand gaillard s’était mis une murge la veille, mais les bruits du web font circulés l’incident d’un sévère coup de jus au Hellfest suite à un problème de son (à confirmer…). Reste qu’il fût dans le gaz moralement, mais musicalement il a tenu bon pendant la bonne heure de set qu’ils nous ont servis.
Le groupe, en effet, débraye et balance : « Forsaken » ; « Said And Done » ; « Unknown Awareness » ; « Tired Climb » ; « Only One »…Après les avoir vu ces deux dernières années aux Eurockéennes, à Berlin et à l’Impetus voilà que l’on se reprend encore une baffe ! Des nouveautés sont de mises avec les excellents breaks de batteries qui se prolongent afin d’apporter un plus gros souffle tribal aux riffs poisseux, notamment sur le mythique Scapegoat et le final Hollow Severer (influence Melvins oblige). Le bassiste Corey Barhost pose ici et là quelques nappes de synthé pour appuyer les passages bien psychés (influence Pink Floyd oblige) et Philip Cope dévoile désormais l’ingénieux Thérémine (instrument de musique électronique où la note se commande à distance, déjà utilisé chez les Pixies, Skinny Puppy ou Portishead).
Des petits ajouts qui imprègnent leur force metal/sludge de tourbillons atmosphériques bien dirigés et font évolué l’univers du quintette de Savannah au-delà de la puissance de leurs riffs-bulldozers... le concert s'achève, le public en redemande mais il faut laisser la place au groupe suivant.
Néanmoins, Kylesa sait profiter des après concerts, et le "show" s'éternisera en backstage. En vrac: du jack daniel's coupé à l'eau et un compère qui détruit le goulot d'une bouteille du Hellfest en voulant l'ouvrir. Welcome boys ! Bref, étant bien claqué, nous n'avons hélas pas pu assister à la performance de Mandala. La soirée fut néanmoins excellente, et prouve que les absents ont souvent tort . Difficile en tout cas de ne pas féliciter l'organisateur pour sa prouesse (5 bons groupes, le tout gratuit), tout en espérant que ce type de soirée se renouvelle à l'avenir. De son aveux, c'est en tout cas très bien parti pour!
Monsieur J & La Floche