Chaque année possède son lot de skeuds prêt à concasser les tympans. On vient de s’intéresser de plus près à ce qui est sortie l’an dernier (il est bientôt temps, en avril 2010...) et pour 2009, on a trouver des retours gagnant (Dinosaur Jr, Polvo); ainsi que la confirmation d’une scène métal-sludge progressive importante dans l’état sudiste de Géorgie (Mastodon-Kylesa-Baroness)…
Ceci n'est pas un classement.
DINOSAUR JR - Farm
Ce pilier du rock indé dans les années 90, acoquiné en tournée avec Nirvana, Sonic Youth et Babes In Toyland, se reforme en 2007 pour le fric (ils le déclarent) et sort un bon album, The Beyond, alors que les trois compères se supportent difficilement entre eux (ils le déclarent…). Mouais…N’empêche que le trio réussit de sortir l’an dernier ce Farm qui surpasse The Beyond et même certains disques plus anciens comme Bug !
Des tubes pop-rock-punk aux mélodies imparables où Jay Mascis s’éclate efficacement avec ses solos wah-wah (Over It) et nous entraîne vers de beaux morceaux calmes (Plans ; Said The People). Lou Barlow compose les très Neil Young Imagination Blind et Your Weather, soit deux des meilleures compos de l’album. Excellent, surtout pour tailler la route des vacances.
POLVO - In Prism
Ici c’est une reformation toute récente du groupe d’Ash Bowie où ce disque est sortie dans la foulée. In Prism révèle un noise-rock indé progressif mis en boîte par des structures complexes mais heureusement loin du math-rock (la formation a toujours réfuté le terme), avec une teinte de psychédélisme. A partir d’une mélodie, les gars dévoilent des parties inouïes et des riffs hors-normes (Beggar’s Bowl ; City Birds…) en restant toujours poussés par une bonne dynamique.
Polvo a commencé en 1990 et 20 ans plus tard; aucune perte d’inspiration, au contraire.
KYLESA - Static Tensions
De loin la meilleure sortie de l’année pour Monsieur J et moi, un album de chevet. Un chef-d'oeuvre tant par l’artwork que la musique. Voir la double-chronique: Ici.
PISSED JEANS - King Of Jeans
Ces ricains de Allentown (Pennsylvanie) donne un mélange entre Black Flag et The Jesus Lizard où l’énergie punk-rock s’accompagne d’une sauvagerie totale. Une folie agressive et spontanée du chant qui prend toute son ampleur dans des riffs tranchants, qui sont parfois hantés à la manière d’un Oxbow ( Request For Masseuse ; Spent ) mais mettent tout le monde d’accord sur des titres plus directes ( False Jesii ; Half Idiot ; Dream Smotherer ).
Encore un bon disque de l’écurie Subpop.
SONIC YOUTH - The Eternal
Encore une nouvelle régénérescence pour ces mythiques new-yorkais, tritureurs de sons s’adonnant aujourd’hui à déconstruire des pop-songs. The Eternal reprend ce credo avec l’énergie en plus. Voir dans la multi-chronique: ici.
CLUTCH - Strange Cousins From The West
Les 4 gars du Maryland continue de jouer un bon petit stoner de routier pépère. Leur show donné à Berlin en novembre dernier nous avait d’ailleurs bien convaincu. Alors surtout faut pas s’attendre à une décharge de puissance façon Kyuss ou Orange Goblin, car Clutch est un groupe aujourd’hui qui pose tranquille ses parties et les fait groover comme il l’entend. On peut apprécier sur cet album de bonnes petites rythmiques ( Struck Down ; Minotaur ) où le groupe y peaufine des subtilités jazzy ( The Amazing Kreskin ) et même des montées patriotiques ( Abraham Lincoln ).
A PLACE TO BURY STRANGERS - Exploding Head
Un des skeuds les plus audacieux de l’année, loin de ressasser quelque chose de déjà fait. Voir la chronique: ici.
HINT VERSUS EZ3KIEL - Collision Tour 2009
Egalement disponible en DVD, ce Collision Tour est le fruit d’une rencontre scénique entre la noise chaotique de Hint et le trip-hop d’Ez3kiel. Les morceaux joués sont une alternance des compos de chacun, avec un son plus massif pouvant convaincre ceux qui ont un avis sceptique sur ces 2 groupes.
Le résultat est vraiment riche et varié, ca va du post-rock Mr Investigator au très Pink Floyd Wagma, en passant par le somptueux et planant Beautiful Old Betty. Ca bastonne aussi sévère dans le hardcore/noise avec Flexible, ou encore Chinatown et ses 2 basses toutes distos dehors.
DÄLEK - Gutter Tactics
Ouverture sur un discours intelligent du Réverend Wright, et le duo du New Jersey ravive une flamme qui s’était éteinte depuis le cultissime Absence sortie en 2004.
De No Question à Atypical Stereotype, on redécouvre cette colère enfouie sous une crasse de samples angoissants baignant dans une atmosphère sombre, dont le point culminant est atteint avec Street Diction.
Selon les dires des membres, MC Dälek et Oktopus, ce disque sonne comme du hip-hop old-school sous influence Melvins/Black Sabbath…
MASTODON - Crack The Skye (instru)
Du crack et du sky’, c’est ce qu’il faut pour apprécier encore plus ce nouvel album de Mastodon. Il y a cependant une exception, celle où il faut écouter ce disque en version instrumentale car les 4 mecs d’Atlanta livrent des parties vocales de moins en moins convaincantes. Les parties instru, elles, le restent.
Pour obtenir cette version, essayez de taquiner la mule ou de traverser les torrents, en prenant garde que Christine Albanel ne vous envoie pas le GIGN…
BARONESS - Blue Record
Autre groupe important de la ville de Savannah, Baroness dévoile avec Blue Record son propre style de métal, qui doit autant à ses compagnons d’armes (Kylesa, Mastodon, Genghis Tron,…) qu’à des légendes comme Pink Floyd ou Black Sabbath. Cet opus épique varie habilement entre puissance sludge ( The Sweetest Curse ; Swollen And Halo…) et transitions calmes ( Bullhead’s Psalm ; Steel That Sleeps The Eye…), toujours avec un grand travail de composition.
Le chanteur-guitariste John Dyer Baizley, connu aussi pour être peintre (voir par exemple Static Tensions de Kylesa), est à l’origine de la pochette de Blue Record.
SOULSAVERS - Broken
Véritable nomade de la musique, Mark Lanegan s’est arrêté cette fois chez les britanniques de Soulsavers pour posé sa voix rauque et éraillée sur 9 titres parmi les 14 que compte ce magnifique disque. Une association qui voit des troublantes ballades de western avec de belles envolées vocales foutant la chaire de poule, il n’y a qu’à écouter ne serait-ce que Some Misunderstanding pour en être convaincu. Gibby Haines des Butthole Surfers et Mike Patton font aussi de petites apparitions sonores, l’un sur Death Bells, l’autre sur Unbalanced Pieces, mais ils ne faut surtout pas oublier que ce Broken est avant tout un album des Soulsavers, et que sans leurs talentueux arrangements, ça emmènerait moins large.
WINO - Punctuated Equilibrium
Pour les fans du stoner-rock 70’s, ce disque peut s’avérer intéressant. Voilà un Scott « Wino » Weinrich en grande forme qui vient faire ronronner son ampli avec ses bons petits riffs et ses solos impeccables. En écoutant ce Punctuated Equilibrium, on est pris dans le même groove qu’en écoutant les derniers Clutch et ce n’est pas un hasard puisque la section rythmique est tenue à la batterie par Jean-Paul Gaster, le batteur...de Clutch !
Une tâche sombre vient malheureusement aujourd’hui noircir ce beau tableau avec la mort tragique du bassiste de ce projet, Jon Blank (ex-Rezin), décédé d’une overdose le 2 mai 2009 soit 3 mois après la sortie de l’album. Un coup très dur pour Wino qui comptait sur ce power-trio pour laver ses problèmes de 2008 avec The Hidden Hand.
RUSSIAN CIRCLES - Geneva
A l’heure où les Isis et Pelican commencent à tourner en rond, et où l’on assiste à une vague de clonage de Mogwai toujours plus ridicule les uns des autres (faut dire ce qui est: les noms d’albums à la « Fire…Earth…Sky…Sea…Light…Sun », les arpèges de notes insipides et les projections de changements climatiques en tout genre, ça va bien avec 2 ou 3 groupes précurseurs du genre !), il reste quand même un trio récent qui se contente de faire son propre post-rock: les chicagoans de Russian Circles. Rythmiques soutenues, directes et précises, qui s’allient aux guitares à la fois nerveuses et mélodiques: techniquement c’est toujours la baffe ! Après leur mythique opus Station, Geneva constitue une bonne suite.
HELLBATS - One Minute Suicide
Le skeud de l’année pour ce qui est de la scène local, un trio de Montbéliard qui revient de loin et est prêt à en découdre avec les règles conventionnelles que dressent le punk. Car ce style ne peut pas se détacher de la musique que joue Hellbats, l’influence est indéniable. Mais le groupe joue plutôt dans le registre death-punk façon Turbonegro (première époque) ou Mondo Generator. La haine au ventre et la bave aux lèvres, on ne peut que s’incliner devant les charges brûlantes que représentent A Beautiful Death, Kiss The Viper ou l’éponyme One Minute Suicide.
On leur souhaite que du meilleur pour la suite !
Dans la liste des déceptions 2009 on pense inéluctablement à "Mirror,Mirror" de Ghinzu, "What we all come to need" de Pelican, "Until The Morning Come" des Flying Donuts, ou encore "The Resistance" de Muse (enfin là d'un côté c'est pas comme si on avait attendu quelque chose)
La Floche
Monsieur J (intermittence)
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